extrait

“Ce qui compte, en fait, c’est la conquête d’une jeunesse allongée dans le temps, et non la promesse de l’immortalité, le renouvellement indéfini de nos cellules. Comme si cela ne suffisait pas de prolonger inutilement la vie, les biologistes d’aujourd’hui voudraient la fabriquer, formater les cerveaux et contrôler les pensées d’autrui.”


résumé

Hérésie – tout sauf être a-mortel est un roman qui évoque la mort de la mère de la protagoniste et le prolongement de son existence du fait de l’interdiction culturelle et légale de favoriser la mort assistée. Le livre commence lors de la veillée, quand la mère de la narratrice est allongée dans sa bière. Pour supporter la veillée, la narratrice s’aide d’un cahier et se remémore le déroulement de la fin de vie de sa mère, mais aussi de son histoire d’amour.

La situation devient particulièrement délicate quand la mère, victime d’une fracture, veut se faire opérer malgré les risques – le risque de mourir ou de supporter les effets de l’anesthésie, comme la perte du jugement. La mère laisse les médecins prolonger sa vie jusqu’à ce qu’elle ne reconnaisse plus les siens et perde la conscience d’elle-même. Le choix de la mère oblige sa fille à devenir sa mère à son tour.

La narratrice se sent victime d’une injustice, mais elle n’est pas une justicière. Elle accepte la réalité et écrit pour se distancier d’elle-même. A côté de réflexions sérieuses, essentielles et d’une grande actualité, Hérésie est un roman où l’on rit.


historique

Le livre a été lancé le 5 avril 2022, au cours d’une présentation à laquelle participaient le critique littéraire Manuel da Costa Pinto et l’éditeur-exécutif des éditions Record, Rodrigo Lacerda.

Au cours de l’entretien, Betty Milan a rappelé la récente demande de suicide assisté de l’acteur Alain Delon et expliqué que l’a-mortel du sous-titre du livre évoque seulement celui qui ne meurt que par accident, au contraire de l’immortel.

Le lancement a été filmé et se trouve sur Youtube (vidéo). La presse a salué le livre avec intérêt, notamment à travers les articles du Portal G1 et du journal Valor (article).


points de vue

Um ouvrage fort, courageux, opportun, très surprenant par sa composition.
Roberto Schwarz


champs de recherche

Littérature et psychanalyse.


critique

Hérésie – tout sauf être a-mortel est le meilleur livre que j’aie lu sur la fin inévitable, qui nous est prescrite à tous autant que nous sommes, à tous les sens du terme : elle nous a été prescrite comme une recette ; elle est prescrite, et c’est pour cela que nous vivons comme si nous avions obtenu un habeas corpus contre le terme, comme une prophétie qui se réalise. Tous mes compliments, c’est un livre de grande qualité, tu as encore progressé dans la concision, le texte est toujours plus simple, plus épuré… sans perdre les délicates subtilités du thème.
Deonísio da Silva

“Je vais attribuer ce que j’écris à quelqu’un d’autre », dit la protagoniste au début d’Hérésie. Cette formule (récapitule) reprend un présupposé paradoxal de la littérature : se distancier du vécu pour mieux le percevoir et déléguer à une identité seconde la tâche de relier la fiction à la pulsion de connaissance qui l’a déclenchée.

Cette tension entre réel et fiction devient encore plus aigüe quand celui qui est représenté touche le nerf à vif des dilemmes éthiques et émotionnels – comme dans ce roman de Betty Milan, dont le personnage est animé de sentiments ambigus face à la décrépitude de la mère centenaire.

L’hérésie du titre, pourtant, re rapporte à une question parfaitement contemporaine : jusqu’à quel point est-il légitime de prolonger la vie grâce à la science, de perpétuer une existence organique lorsque sa mémoire et sa propre subjectivité s’éteignent peu à peu ?

Le roman prend la dimension d’un essai, dont la portée métalittéraire, toujours présente dans l’œuvre de Betty Milan, va en s’intensifiant depuis Consolaçao. Et si La mère éternelle traite du thème de la perte à travers l’autofiction, Hérésie renforce sa puissance avec une narration à l’intérieur de la narration, sous la forme d’un cahier où la protagoniste élabore sa cérémonie des adieux et décrit (ou imagine) les histoires vécues par sa mère avant l’exil dans le « palais imaginaire » de l’a-mortalité.
Manuel da Costa Pinto (orelha livro)